Dis moi avec qui tu surfes je te dirai qui tu traites
J'ai déjeûné avec Patrick Bruel
J'avais beaucoup de choses à dire aujourd'hui. Mais il me semblait que celle-ci était la plus importante.
C'est à dire que j'ai mangé genre EN FACE de Patrick Bruel tu vois.
Pas à la table d'à côté.
Pas dans le même restau.
Pas non plus seule devant un poster comme il fut le cas entre 1992 et 1993...
Non non, j'ai déjeuné AVEC Patric Bruel.
On a parlé musique, bien sûr, on a aussi parlé Poker, il ne m'a pas crue quand je lui ai dit que j'avais gagné le tournoi ladies de Deauville.
On étaient que 10 cette fois là. Je me souviens même entendre quelqu'un dire "c'est comme un sit N go". Avec le recul je me demande. Si nous avions été plus nombreuses est ce que j'aurais gagné genre PLEIN DE FRIC ou est ce que je n'aurais pas tenu la pression ?
Franchement, contre toute attente, je semble tenir plutôt pas mal sous grosse pression. Pour preuve, j'ai déjeuné en face de Patrick Bruel. Et je suis prête à parier qu'il m'a trouvée sympa.
Faut que je vous dise qu'en 1998 j'avais croisé Ariel Wizman sur son scooter et que j'ai été à deux doigts de le traiter de connard juste pour pas lui faire penser que j'étais impressionnée. Indéniablement il y a du progrès.
BREF ceci ne vous explique pas pourquoi ce titre.
Parce que c'est un extrait de la dernière chanson de Patrick Bruel.
Mais rendons à La Fouine ce qui n'appartient pas à Patrick.
Cet extrait a été écrit par le susnommé rappeur qui après avoir accepté de collaborer à la chanson, a réussi à coucher (pour réussir) ses mots sur le papier en quelques minutes après avoir écouté la chanson.
Il m'aurait demandé, je lui aurait sans doute conseillé d'éviter l'usage du "Dis moi qui tu je te dirai qui tu" situé juste après "rendons à ce qui appartiens à" dans "Le grand livre des lieux communs et autres sagesses populaires à destination des psychologues qui écrivent dans les magazines féminins". Editions La Palissade.
Autrement ce sont de très jolies paroles.
Il y a les paroles dans le descriptif de la vidéo
Dans cette chanson, l'auteur a voulu parler de ces enfants de la nouvelle génération, ces digital natives qu'on les appelle. Ces enfants nés avec les nouveaux usages, la liberté absolue de parole, le tout, tout de suite, ces enfants qui ont déjà l'insulte facile, mais alors lâchez les sur internet, ils deviennent une armée de hyènes.
Les enfants ce n'est mignon que quand il n'y a pas beaucoup et que ce sont les nôtres. En groupe, les enfants sont la pire saloperie jamais créée par l'homme. Avec internet bien sûr.
Regardez ce passage de notre rencontre pendant laquelle Patrick raconte l'histoire de cette chanson et finit par un très joli plaidoyer destiné à exprimer cette métaphore que je fais souvent en formation :
Quand un homme tue un autre avec un couteau, dans quel monde on accuse le couteau ?
gniii hiiiii --- Ho ça va c'est pas Jean Jacques Goldman non plus...
En tant que spécialiste du sujet. Experte super gourou au top de l'asymptote du social media français, j'ai souvent eu l'occasion d'évoquer ces phénomènes que je qualifie d'hystérie collective.
Une personne publie quelque chose sur les internets. Ce quelque chose peut être soumis à une interprétation. Parfois, quand on ne travaille pas assez son texte, ce quelque chose est facilement interprété de travers. Et c'est là que peut commencer une longue série.
Dans un prochain article, qui sera mis en ligne avant la prochains éclipse total de soleil, nous l'espérons, je vous raconterai cette histoire, en espérant qu'elle fasse la lumière sur un gros malentendu exploité jusqu'au tréfonds par des personnes très en colère.
La méthode est toujours la même, elle peut donner lieu à de belles leçons comme c'est le cas dans cet article :
Elle voulait donner une leçon sur Facebook à sa fille, ça a mal tourné
Aux États-Unis, une mère de famille du Colorado a voulu donner une leçon à sa fille et lui inculquer les dangers de Facebook... Mais son expérience a mal tourné. Dans l'espoir de faire compre...
http://quebec.huffingtonpost.ca/2014/03/23/mere-facebook_n_5018158.html?utm_hp_ref=tw
Mais parfois la belle leçon arrive trop tard.
Traitée de "pute", de "boloss" : Marion, 13 ans, s'est suicidée
(Article publié dans "le Nouvel Observateur" du 14 novembre 2013) Ce mercredi matin, Marion voulait rester au lit. Après le petit déjeuner, elle est remontée dans sa chambre. La veille, déjà,...
Et je comprends.
Moi même après ma brève incursion au pays des hystériques, je ne me sentais pas très bien. Un peu sale. Mise en cause. Peut-être qu'elles avaient raison et que j'étais gravement atteinte d'un truc mauvais !
Peut-être que ça n'allait jamais s'arrêter ! Je vais devenir la risée du web entier et je n'aurai plus d'amis et même ma fille va avoir honte de moi !
Autant vous dire que le POB a du bien faire gaffe à ses premières paroles au réveil.
Mais voila. Moi j'ai trente prrffrrttt pscchhhhhttttttt ans, du plomb dans l'aile et de la friture sur la ligne. Moi j'ai déjà tout perdu tellement de fois sur ces internets. J'ai été clashée dans toutes les positions situations, je me suis sortie de tout.
J'ai respiré un grand coup.
Eteint mon téléphone.
Regardé ma petite fille dormir.
Mangé un truc assez énorme.
Je suis allée à mon cours de yoga et tout était terminé.
La vie a repris.
Mais si j'avais eu 13 ans ?
Bon, après réflexion, je ne suis pas sûre que j'aurais pu me suicider étant donné qu'il m'a déjà fallu toute une nuit de réflexion pour décider qu'en fait j'avais pas envie de fuguer, donc mourir vous pensez bien ...
Si vous saviez les mômes... comme tout finit toujours par s'arranger...
Merci à Patrick Bruel pour cette jolie chanson et ce joli moment en sa compagnie.
Et merci aux gens énervés des internets pour me rappeler à quel point tout ceci n'est qu'un aspect de la vie. Rien d'autre qu'un aspect.