Ne me quitte pas : fin du game
Fi d'encombrants préliminaires, les amis, ça fait tellement longtemps qu'on ne s'est vus, on peut bien se permettre une petite pénétration directe au coeur du sujet qui va nous occuper pendant les prochaines minutes (oui ça fait longtemps, nous serons rapides) : parlons musique.
Vous n'êtes pas sans ignorer que mon objectif 2017 (outre voter utile aux présidentielles et devenir prof de yoga pour gens gros, du yogras quoi) est de participer à l'émission N'oubliez pas les paroles. Ne regardant pas la télévision, j'ai découvert cette émission grâce à ma grand-mère, invariablement assise devant, à l'heure ou je ramène ma progénialiture à la maison.
Comment vous expliquer ...
... Disons qu'à force de m'entendre hurler les réponses dans toute la maison en insultant les participants faiblards, elle m'a enjoint d'aller m'inscrire.
Du coup je me tape la totalité du répertoire MFM, la variété française en veux tu en voila, en reveux tu en revoila, et si t'en re re veux y'en re re a.
Pour cela, il faut d'abord passer un casting, lequel se présente sous forme de 3 épreuves : une écrite, une orale et une anale vidéo. Afin de me préparer j'ai donc passé un temps certain sur Deezer grâce à mon abonnement Orange Family trucmuche (cette publicité déguisée est sponsorisible).
Tellement qu'à force d'écouter tout le temps le même style de musique je n'ai même plus besoin d'aller chercher des playlist et laisse la machine intelligente utiliser mes données personnelles emprisonnées dans la matrice pour me proposer des chansons. Autant vous dire que si on tombe en dictature Hipster, je pars direct au cachot pour mes goûts musicaux, va expliquer à ton procès (quand t'en as un) que c'était pour gagner chez Nagui.
Et donc j'en étais là de mes réflexions (déjà deux paragraphes et toujours pas entrée dans le vif du sujet. On s'améliore) lorsque je suis tombée sur "Ne me quitte pas" de Jacques Brel.
Merveille, cette chanson pas vrai. Je la connaissais sans la connaître. Quelques passages par ci par là : l'ombre de ta main, l'ombre de ton chien sans le hey hey de Maître Gims derrière c'est mieux. Je t'offrirai des perles de pluie quand il pleut pas, et autres promesses un tout petit peu irréalistes, sans vouloir vous offenser monsieur.
Mais en l'écoutant, en l'écoutant vraiment, tout en marchant d'un air songeur dans les rues bondées, sans regarder devant moi, car c'est beaucoup trop de concentration à la fois, j'ai reçu en pleine poire un homme et une pensée (ou vous vous dites que construire toute une réflexion dans le seul objectif d'y glisser un zeugma c'est à la limite du trouble obsessionnel mais nous y reviendrons) : En fait, Jacques, il a tué le game.
Ai-je vraiment besoin d'expliquer pourquoi ?
Non sérieusement les gens :
Moi je t'offrirai des perles de pluies venues de pays ou il ne pleut pas : UNE PHRASE.
UNE seule PHRASE qui dit
- je réaliserai l'impossible
- et ce sera tellement beau que ton cerveau pourrait bien se mettre en veille quelques instants (pour peu qu'il soit un peu geek)
- parce que je pourrais inventer MOI MEME tout ce qu'il me faudrait pour réaliser cet exploit, parce que ma cocotte, tu en vaux la peine.
Voila.
Et ce n'est que la première phrase.
On continue.
Je creuserai la terre jusqu'après ma mort APRES MA MORT LES GARS pour couvrir TON corps d'or et de lumière.
- je vais me crever le cul mais ni au travail ni pour une satisfaction égoïste dont tu te fous comme peindre des figurines ou assassiner des templiers de manière virtuelle.
- je vais me crever le cul LITTERALEMENT puisque j'en mourrais, mais cela ne va pas m'empêcher de continuer tel un zombie fou dont le coeur ne bat plus trop, mais que pour toi.
- et quand j'aurais fini de faire le dégueulasse dans la gadoue, je ferai tranquillement le tri et sélectionnerai l'or et la lumière afin d'en couvrir ton corps, tâche de pas trop prendre de poids pendant que je creuse, ça pourrait vite devenir ennuyeux, ma chouchoute, vous en remerciant.
Je ferai un domaine ou l'amour sera roi, ou l'amour sera loi ou tu seras reine...
Passons sur les banalités d'usage de type "tu es une reine tellement que t'es belle et classieuse et que tu sens bon des cheveux" et regardons le message derrière.
On vivra quelque part où il n'y aura que toi, et moi POUR toi. Pas AVEC toi (le roi étant l'amour, je suis forcément un sujet) ni à côté ni même devant ou derrière (quoique si ça pouvait se négocier de temps en temps j'aurais pas l'impression de m'être arraché le cerveau pour rien ce serait vraiment fabuleux) mais pour toi, ma reine.
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Un refrain au message limpide histoire reposer ton cerveau de reine non sans compter sur l'effet subiminal de la répétition. S'agirait de pas oublier l'objectif de la manoeuvre, en l'occurence qu'elle ne le quitte pas.
Je ne vais pas vous faire toute la chanson qui devient très légèrement perverse manipulatrice au moment ou il la traite de vieux volcan et de terre brûlée comme pour lui faire comprendre qu'elle a pas non plus un choix de foufou à son âge et qu'elle ferait mieux de réintégrer les pénates rapido avant de se faire briser quelque chose : au choix les pattes arrières par un tatoué qui fait du crossfit, la nuque par un serial killer adepte des sites de rencontres ou le coeur par un artiste éthéré, talentueux et probablement inconstant.
(non c'est pas ce qu'il dit)
(en fait la terre brulée et le vieux volcan c'est leur amour)
(mais c'était moins lol)
On va pas se mentir : je ne vais plus pleurer, je ne vais plus parler, je me cacherai là, à te regarde danser et sourire et à t'écouter chanter et puis rire. Laisse moi devenir l'ombre de ton ombre, l'ombre de ta main, l'ombre de ton chien mais ne me quitte pas.
C'est la phrase pathétique la plus belle de l'histoire on est bien d'accord.
C'est à dire que même quand il est carpette, le mec il est encore en train de le faire de la plus belle manière possible.
On est loin, très très loin de l'appel de 3h du matin qui dit d'un air bourré que "allooooo ?!! PUTAIN Ginette POURQUEWAAAA J'allais te présenter à ma mère Pfffutain"
Voila voila
En bref, un message qui dit que vous pouvez tous aller vous rhabiller, que même pas t'essaies. C'est mort d'avance. Tu feras jamais mieux.
FIN DU GAME.
Cette meuf là, ELLE est unique
Elle EST unique
Elle est UNIQUE
(on nique ?)
Sur ce je vous laisse, car j'ai passé ici assez de ces heures qui tuaient parfois à coup de pourquoi le coeur du bonheur et vous promets de revenir très vite (ha ha ha ha) afin de parler d'une autre oeuvre qui a mis sérieusement à l'amende le secteur de la déclaration d'amour : Je l'aime à mourir, de Francis Cabrel.
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Elle a bâti des ponts entre nous et le ciel et nous les traversons à chaque fois qu'elle ne veut pas dormir... SERIEUX PUTAIN !!