Mais oui, c’est de nouveau moi. Je sais, on est pas loin du retournement des pôles, je me lance avant que l’internet mondial ne se meurt, emportant avec lui les rires des twittos et les filtres instagram. 

Et comme nous avons pour principe de ne jamais tenir nos promesses, nous ne parlerons pas de Francis Cabrel mais de Michel Fugain, chanteur mythomane qui, non content d'essayer de nous faire croire qu'un oiseau vit d'amour et d'eau fraiche alors que pas du tout, un oiseau vit de petites graines et de glaces, essaie carrément de nous faire passer le film du samedi soir pour une bluette hollywoodienne et tandis qu'on essaiera de prononcer cette phrase en entier sans reprendre son souffle, nous admirerons ensemble un oiseau qui mange une glace : 

Et donc ce même Michel nous annonce dès les premiers mots qu'il va nous raconter une belle histoire : 

Ce jeté d'épaule négligé aurait du nous mettre la puce à l'oreille...

Allons y : 

C'est un beau roman, c'est une belle histoire (donc)

C'est une romance d'aujourd'hui. 

Alors là il est important de remettre les choses dans leur contexte. La chanson ayant été écrite en 1972, nous ne parlerons pas ici d'une romance qui démarre sur TindR et se poursuit avec des faceswap en couronne de fleurs en guise de carte de voeux.

 

En revanche il n'est pas interdit d'imaginer deux jeunes aux cheveux identiquement longs se téléphoner autour de 16h pour se donner rendez-vous devant le cinéma à 19h plus ou moins précise sachant que si l'un des deux est en retard l'autre n'a d'autre solution que d'attendre jusqu'à 30 mn en se pelant les mains dans son blouson de cuir dans la file d'attente du cinéma, achetant deux tickets pour César et Rosalie en anciens francs, avant d'aller ensemble se déhancher sur du disco et finir la soirée en se murmurant Summer breeze à l'oreille.

 

Mais je m'égare, car il semblerait qu'une romance d'aujourd'hui, pour Michel, c'est très différent. 

 

Elle descendait dans le midi, le midi
Ils se sont trouvés au bord du chemin
Sur l'autoroute des vacances
C'était sans doute un jour de chance
Ils avaient le ciel à portée de main
Un cadeau de la providence

Jusqu'ici tout va bien, deux jeunes gens se croisent sur une route, ils faisaient sans doute du stop et l'un d'eux probablement dans le mauvais sens, sinon je vois pas bien comment ils auraient pu faire connaissance, à moins que les autoroutes n'aient acquis le sens logique qu'après les Jeux Olympiques de Munich. 

 

Et les mauvais esprits feraient mieux d'attendre le prochain couplet avant de me rétorquer que sur une route nationale on voit très bien le bord de la route depuis l'autre bord de la route. 

 

Notez que la fille descend dans le midi le midi, ce qui m'amène à la question suivante : avait-elle déjeuné ? Auquel cas il se sont peut-être croisé sur une aire d'autoroute (cela ne change absolument rien au débat mais c'est toujours agréable de se mettre dans l'ambiance) (et rien de plus romantique qu'une aire d'autoroute éclairée du soleil à son zénith, car à l'époque on n'avait pas encore Wikipedia et donc on ne savait pas qu'en réalité le zénith ne devrait pas être confondu avec le point le plus élevé de la trajectoire d'un astre dans le ciel (par exemple le Soleil), appelé point de culmination, car le Soleil ne passe au zénith que les jours où sa déclinaison est égale à la latitude du lieu, soit deux fois par an entre les tropiques et une fois par an sur les tropiques).

 

Continuons : 

 

Alors pourquoi penser au lendemain

 

C'est là que ça se corse (ce qui nous rapproche du Midi vous me direz).

En 1972 on ne pensait pas au lendemain. Admettons. La jeunesse d'aujourd'hui est d'une tristesse blabla, la crise, les subprime et le Djihad... ok.

 

 

Ils se sont cachés dans un grand champ de blé
Se laissant porter par les courants
Se sont racontés leurs vies qui commençaient
Ils n'étaient encore que des enfants, des enfants
Qui s'étaient trouvés au bord du chemin
Sur l'autoroute des vacances
C'était sans doute un jour de chance

Là je peux pas dire, ça commence comme une vraie belle histoire. 

 

Ils sont donc définitivement sur l'autoroute des vacances, sauf lui qui rentre chez lui dans le brouillard, mais à ce stade on subodore le 3615 JeFabulePourEntrerDansTaCulotte. 

 

Notons également le peu de discernement de la fille de 1972 qui ne se demande pas du tout ce qu'un mec du nord censé rentrer chez lui fait sur La Provençale (c'est le petit nom de l'A8).

 

Qui cueillirent le ciel au creux de leurs mains
Comme on cueille la providence
Refusant de penser au lendemain

Sans certitude, on commence à avoir de gros doutes sur l'issue de cette affaire qui sent le "viens on va cueillir le ciel au creux de nos mains, même si ça veut rien dire et que techniquement c'est complètement débile, et ne pense pas au lendemain. D'ailleurs ne pense pas du tout, merci tu es bien jolie".

 

Ah ça, on est bien loin de Brel et son amour déraisonné pour une femme spectaculaire. 

 

 

C'est un beau roman, c'est une belle histoire
C'est une romance d'aujourd'hui
Il rentrait chez lui, là-haut vers le brouillard
Elle descendait dans le midi, le midi

 

Voila. Bon il est toujours midi.

 

Ils se sont quittés au bord du matin
Sur l'autoroute des vacances
C'était fini le jour de chance
Ils reprirent alors chacun leur chemin
Saluèrent la providence en se faisant un signe de la main

 

Ah. 

Comme ça ? 

 

J'ai envie de dire que même comme des cons au café d'en bas ça aurait eu plus de gueule comme rupture. 

 

Et il a réussi à lui faire croire que se dire au revoir comme si t'étais ma tante Josiane, ça s'appelle saluer la providence. Ce mec est un pick-up artist de génie. 

Il rentra chez lui, là-haut vers le brouillard
Elle est descendue là-bas dans le midi
C'est un beau roman, c'est une belle histoire
C'est une romance d'aujourd'hui

 

Faudra quand même qu'on me dise dans quel roman, tout beau soit-il, une partie de jambes en l'air entre une débile et un mytho qui ne se connaissent pas peut-être qualifié comme une belle histoire. Je veux dire, même dans le milieu honorable du porno, on se fout pas de la gueule d'une femme de cette manière. 

 

J'ajoute à l'intention de nos grands mères que si une romance d'aujourd'hui en 1972 c'est de se faire fourrer dans un champ de gluten dans le mauvais sens de la route, je suis pas certaine que c'était mieux avant.

 

On reconnaîtra néanmoins à cette chanson sa petite part d'honnêteté intellectuelle : c'est une romance d'aujourd'hui (entre midi et deux pour être précis) et pas plus. 

 

Cordialement ...

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N
Ah !! merci !! enfin quelqu'un qui dit tout haut ce que je pense depuis toujours de cette chanson glauque et choquante !! Tu parles d'une belle histoire ??? une histoire de c..l ça oui !!
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S
J'aime bien ton interprétation de cette sordide histoire.
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A
beau blog. un plaisir de venir flâner sur vos pages. une découverte et un enchantement.N'hésitez pas à venir visiter mon blog. au plaisir
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S
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J
Et oui encore une qui s'est fait avoir, un qui lui a promis la providence aux creux de leurs petites mains blanches si ensemble ils allaient fouler un champ de blé. Pauvre fille de 72 qui a perdu sa virginité et qui connait peut-être même pas le nom de famille du père de son enfant ! Tu me sappes le moral, je la chantais gaiement cette chanson avant que tu ne m'en dévoiles les dessous peu ragoutants !
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