Ma vie, mon oeuvre, épizut
Si vous avez manqué le début et que cela vous intéresse quand même malgré toute la vanité qu'implique le fait de rédiger sa propre biographie sur son blog : Après un passage, bref mais remarqué dans la couille de Godfather et le ventre de TAMER, je naquis en avance et de façon fort prometteuse, trop malingre pour faire une vraie personne.
C'est pourquoi je barbotai pendant un mois dans ma couveuse, sous le regard attendri du médecin optimiste qui répétait encore et encore "survivra pas ... nan nan ... survivra pas c'pas possib' !".
Godfather, qui incarnai alors la classe faite homme, tout fourbu qu'il était du stoïcisme caractéristique des personnes issues d'un rang notable, soit environ le dernier rang sur la photo de classe de l'école française de Tunis, lui répondit d'un laconique et néanmoins lapidaire poing dans ta gueule, avant de s'en partir avec la couveuse sous le bras et ma gueule dedans vers des contrées plus verdoyantes ou c'est qu'on croyait que j'allais vivre, nom de Dieu.
C'est ainsi que je terminai ma croissance foetale avant de rejoindre le reste de la troupe dans l'appartement du Boulevard Sébastopol, que je crus longtemps être l'habitation de messieurs Bouvard et Sébasto-Paul.
Ce que j'ignorai c'était que cette manie allait marquer le début d'une longue série de calembours plus ou moins désirés qui virent leur apogée le jour où, pas plus haute que trois pommes et déjà plus large que trois pastèques, je faisais allègrement mentir ce connard de médecin, une cuisse de poulet bien calée entre ma gencive et ma main droite, les yeux rivés sur la cassette vidéo de l'étrangleur de Boston, lorsque je me tournai vers ma mère et lui demanda "Maman, c'est quoi des bostons ?".
Déjà poussée par des élans de vérité journalistique et sans aucune notion de grammaire élémentaire, je compris que savoir ce qu'était un boston était le premier pas vers l'explication ultime : pourquoi les étrangler, les pauvres.
Un peu plus tard, je continuai sur ma lancée, lorsqu'après avoir divorcé de Godfather, TAMER épousa Henri qui était à peu près aussi marocain que Godfather était tunisien, ce qui transforma considérablement la vie de la famille en changeant définitivement le couscous boulettes en poulet aux olives.
Nous nous installâmes dans ce qui resta dans les mémoires sous le sobriquet (bien choisi) de l'appartement de la rue de Cambrai, qui contre toute attente se situait rue de Cambrai.
C'est à cette époque qu'eut lieu le drame qui devait changer ma vie, à la nouvelle école, lorsque je levai mon tout premier doigt boudiné devant une classe dont, venant à peine de l'intégrer, je tenais à m'attirer les faveurs.
La question était : QUI était le chef des gaulois ?
Gonflée de fierté, ainsi que de gâteaux, je levai bien haut mon petit index potelé, en espérant (que n'ai-je su avant ?) avoir la parole. Une parole que j'obtins sans trop de peine, et à laquelle je répondis avec aplomb : « ABRARACOURCIX » Petite méprise de rien du tout, alimentée sans doute par le manque de structure d'une cellule familiale au sein de laquelle, ne trouvant ma place, j'allais me réfugier dans les Bandes Dessinées.
Mais méprise tout de même, et une méprise qui me valut le rire de toute une classe et le regard exaspéré et méprisant de ma maîtresse-cette-connasse.
La risée : ce n'est pas tout à fait comme cela que j'avais prévu de séduire mon public. Une risée qui acheva en partie d'alimenter ma haine totale et implacable (dans le désordre) de Vercingétorix, du genre humain en général et du genre instituteur en particulier.
C'est aussi pourquoi j'accueillis avec circonspection la naissance de LELERSONJVEUALLERAUMACDOGO (plus communément appelé Lelerson ou Jeff) et K, frère et soeur de moi par le truchement de TAMER et d'Henri.
...
Tu veux la suite ?
C'est très simple, tu composes un requiem sur un clavier Bontempi que tu intitulera "Tribute to Charlie Oleg", tu tapes dans tes mains en secouant le bas des reins et en faisant coin coin. Si tu es tiré à Hossegor, tu seras plus chanceux qu'à La Rochelle !