Ma vie, mon oeuvre, Madame Tatin, si je te chope je te mets un pain (épisode violent interdit aux moins de 12 ans)
Préambulance : Cet épisode se situe avant le dernier épisode en date. La destructuration du récit étant ici utilisée à des fins artistiques pour exprimer les affres de la perte de mémoire infantile.
Avant que TAMER fut complètement divorcée de Godfather et donc complètement remariée à Henri, nous fumes, Clar le Calamar (ça c'est ma soeur) et moi envoyées quelques temps chez une femme de haute qualité nourricière intitulée Madame Tatin.
En fait elle s'appelait madame Chopin, mais je tiens à respecter l'anonymat de cette connasse pour ... oh merde c'est raté !
ATTENTION !!! BIP BIP ATTENTION !!! EPISODE PLEIN DE GROSSIERETES ELOIGNEZ LES ENFANTS ET LES PORTUGAIS (ça c'est juste pour moi).
Nous fumes envoyées chez madame Tatin car celle ci avait fort bonne réputation. Sa petite maison bucolique au coeur d'un village pittoresque de quelque part en France donnait belle image d'enfants jouant dans les fougères, de chiens gentils aboyant joyeusement leur contentement et de vieille dame à chignon faisant des gâteaux. En terme de gâteaux, on pourra retenir que Madame Tatin, à l'instar de son homonyme savait très bien retourner des tartes (ça, c'est fait).
A la décharge de TAMER et Godfather, outre la réputation impeccable de Madame Tatin, ceux-ci avaient fort à faire de leur côté, et c'était les grandes vacances, alors pourquoi pas une colonie de vacances un peu hors norme pour initier les enfants aux joies de la campagne ? D'autant que d'enfants il y en avait plusieurs dans la maison de la put... de Madame Tatin.
Il y avait un garçon qui avait la coiffure des Jackson Five, ça c'est une demi-certitude due à des relents mémoriels un peu déformés par les différents abus que cette expérience me fit réaliser (notamment comme ce fut le cas cet été là : manger une araignée ... est-elle toujours pendue à mon plafond ? Pour répondre à cette question, compose mon numéro et prépare toi à te faire copieusement insulter).
Et il y avait Raymond ... Mais laissons là cette partie de l'histoire pour y revenir après complète décongélation du corps de Madame Tatin qui prend toute la place sur la table de ma cuisine, et parlons plutôt des différents plaisirs que nous vécûmes alors et qui constituèrent le patrimoine de notre névrose naissante.
Madame Tatin, cette femme délicieuse (avec du curry surtout) s'occupa de nous comme si nous étions ses propres poux.
Je me souviens avec nostalgie de la façon délicate qu'elle avait de nous accrocher des crustacés vivants au T-shirt lorsque nous faisions pipi au lit. Bien sûr, impatients de renouveler l'expérience, nous faisions immanquablement pipi au lit chaque nuit.
Lorsque, dans la promiscuité de nos lits superposés, nous parlions aux autres enfants dans le but d'apprivoiser le froid qui nous étreignait, elle mettait entre nos lits des cartons pour fabriquer avec les moyens du bord la solitude apaisante qui fait que tu t'endors serein et rassuré par le contact de ton pipi sur ta peau.
Lorsque repue des bons repas qu'elle nous concotait, je négligeais chaque soir mon plat de lentilles (petite révolutionnaire que j'étais, plutôt me faire manger par son fils que de bouffer des lentilles) elle m'apprenait les règles de la bienséance au coin pendant trois ou quatre jours, jusqu'à ce qu'épuisée par l'effort, je fisse tomber mon plat de lentilles par terre et ne put décemment le manger sous peine d'ingérer des débris d'assiette creuse.
Madame Tatin nous menaçait, nous terrorisait, nous "apprenait la vie" comme on dit, et ma reconnaissance est telle que je ne peux m'empêcher de ressentir l'envie, en retour, de lui apprendre la mort.
Quoique ça doit déjà être fait, si mes calculs dans ma vésicule sont exacts (et ils le sont, j'ai encore la boite).
Madame Tatin avait une fille, celle là même qui convainquit Godfather du bien-fondé de notre séjour chez sa maternelle engeance (crève en enfer sale morue). Celle-ci me vouait un amour complètement pas réciproque tel qu'elle appela sa fille Fanny, ce qui ne fera jamais qu'une névrosée de plus avec mon prénom, finalement.
Mais madame Tatin avait aussi un fils.
RAYMOND !!!
S'il est des missions délicates au cours d'une vie, je peux vous dire qu'il en est peu qui valent celle consistant à faire admettre au monde l'existence de RAYMOND.
Je remercie encore le ciel chaque jour de m'avoir donné une soeur qui fut là pour partager avec moi ce qui n'était pas une hallucination collective ou une déformation de rêve d'enfant transformé en souvenir par je ne sais quel biais tordu. Raymond a existé et ma soeur l'a vu aussi. Je ne suis pas folle, du moins pas sur ce point là.
Comment le faire comprendre au monde, c'est une autre affaire. Car RAYMOND vivait caché.
Affligé d'une tare psychomoteur non identifiée par mon cerveau-lent de petit être humain en construction et non au fait des différents syndrômes qui font que tu balances tes jambes bizarrement en bavouillant de ton menton prognate tout en tâchant de prononcer des sons intelligibles, mais que pour les trolls, RAYMOND partageait son quotidien de borborysmes avec nous autres, la plupart du temps. On l'aimait bien.
Mais dès lors qu'une visite arrivait, RAYMOND réintégrait dans le branle bas de combat son placard dans la cuisine et attendait que le temps passe en mangeant ses ongles, ce qui lui valut, accessoirement de nombreuses hospitalisations et nous apprit au passage qu'il était humainement possible de se griffer l'intérieur du corps.
Je vous avais dit que Madame Tatin nous apprenait pleins de trucs.
Clar le Calamar et moi même partageons une même nostalgie pour cette époque bénie entre toutes, dans laquelle nous reviendrions avec le plus grand des ... couteaux de cuisine.
...
Si tu veux connaître la suite, composes toi une patience d'ange et tape sur ton bureau avec tes ongles en attendant demain.