Si vous avez manqué le début, c'est pas très grave puisque je m'apprête à faire un petit saut de vingt ans dans la chronologie du récit. Tout ce que vous avez à savoir, c'est que dans cette rubrique, je vous conte les éléments de ma vie qui ont contribué à faire d'une petite fille quelconque, une Fanny Berrebi.

Cette rubrique aurait aussi bien pu s'intituler : Les calembours de ma vie.  

 

Année 2002

 

Comme vous le sauriez si vous aviez parcouru mon blog pas de fille, j'ai eu l'immense joie d'exercer les fonctions de conceptrice rédatrice dans une prestigieuse agence de pub(il)licite. Et c'est non sans fierté que j'avoue même y avoir cotoyé l'actuel monsieur Cécilia qui en était le Pédé général.

 

Je vous passe les premiers mois d'errance, au cours desquels il a fallu que je me familiarise avec les divers concepts abscons de ce monde, dans lequel le mot concept est lui-même un mystère. 

Oh pis non je vous les passe pas tiens.

 

Un jour que nous étions en "débrief" qui faisait suite "au "brainstorming" qui avait fait suite au "brief", le "dircréa" s'énerve et tout en s'arrachant une mèche de cheveux nous demande sur l'air de la tosca Mais ou est le saut créatif laaaaaaaa il est oooooooouuuuuuuuu ?!!!

 

Moi, direct, m'imaginant en train de réaliser mon plus beau pas de danse, me contente de me taire en cherchant le rapport avec la campagne de promo des assurances OXO, tandis que le directeur artistique de mes rêves, lui répond qu'il est là, le saut créatif, dans le "concept" !!

 

Ah bon.

 

 

Un exemple de seau créatif

Un exemple de seau créatif

Alors moi, fine comme une Flammekueche, j'attends la fin de la réunion pour aller voir le "CR senior" (ça fait un peu mafia tout ça vous trouvez pas ?) et lui demande, gênée : "c'est quoi un concept monsieur ?"

Mais l'astre du jour par ma requête fut ému et me dit rayonnant d'amour "je vais commencer au début".

Bref, au bout d'une dizaine de minute, j'avais compris que dalle, sinon que j'avais intérêt à prendre moi aussi l'air inspiré si je voulais me faire une place dans ce monde.

Au bout d'un an, rompue au langage de la pubarde, je me vis attribuer une "compète".

Fin de l'introduction

A cette époque, j'étais occupée à fantasmer à mort sur un grand type bouclé dont j'ignorais l'activité, sinon qu'il portait de beaux costumes de chef et qu'il trônait du côté des commerciaux.

Tendez moi le seau créatif

Tendez moi le seau créatif

OR je m'aperçus vite que la compète en question était menée par lui-même. C'est donc à lui que j'allais devoir présenter le projet réalisé avec mon "team", composé de moi et d'une "DA" qui me regardait avec des yeux de calamar et me disait "naaan mais attaaaa ça fait trop promo ça !!!" (où je m'aperçus que j'avais encore des lacunes en vocabulaire d'agence).

Un soir que nous bossâmes (novâmes) tard, j'en étais à me féliciter d'avoir mis mon petit débardeur tout décolleté puisqu'il était enfin venu, le moment de la présentation.

J'arrivai dans le bureau de l'objet de mes désirs, toute gonflée de cette arrogance qu'ont les filles de 25 ans lorsqu'elles ont des gros seins et un gros besoin de paraître professionnelles.

Lequel objet se contenta d'un coup d'oeil rapide au projet, armé d'un stylo grâce auquel il raya d'énormes parties du projet.

Heureusement pour la survie de ma petite fierté, il reluqua mes nénés à intervalles régulières pendant qu'il m'expliquait à quel point le client était chiant, qu'il fallait faire plus comme ça et moins comme ça, tandis que moi, liquide, je tâchais de garder un semblant de dignité en faisant "hmm ouais je suis assez d'accord ... mais que veux-voulez-tu-vous, c'est comme ça hein..."

Suite à quoi il me rendit le stylo en m'expliquant un peu la vie au passage et comment il fallait faire des concessions créatives pour faire plaisir au client.

Armée de mon arrogance à toute épreuve, je le regardai droit dans les yeux et d'un air de total killeuse, lui asséna : "c'est pas mon STYLO"

Ce à quoi il répondit :

"moi non plus c'est pas mon style, mais c'est comme ça"

avant de s'en aller vers d'autres responsabilités indispensables à la survie de la nation.

...

Je ne lui ai jamais fait remarquer que je parlais de son stylo...

Ne ratez pas le prochain épisode et/ou votre vie (ce serait dommage)

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