La France a un incroyable don pour trouver des titres à ses émissions de télévision (et moi donc)
Après l'épisode fameux et néanmoins fâcheux de La Nouvelle Star, Titaniqué la soirée, les vaillantes équipes d'M6 ont décidé de se rattraper envers ma Very Importante Personne en m'invitant à assister au prime de "La France a un incroyable talent".
Si, pas comme moi, vous souhaitez devenir LE producteur d'émissions de tévé à sucer... à succès, pardon, vous vous apercevrez très vite que le chemin de la réussite est pavé d'embuscades.
Pour illustrer cette théorie fumeuse, mais pas fucheuse, parce que ça ne voudrait rien dire, nous allons utiliser la méthode "comparative" en opposant "Nouvelle Star" à "La France a un incroyable talent".
Pourquoi les opposer, dès lors qu'elles appartiennent à la même chaîne me direz-vous.
Je ne vous répondrai pas.
Partant de ce postulat, examinons ensemble les 10 règles d'un télé-crochet réussi :
1 : Le titre
La première chose que l'on note, c'est que la première nouvelle star avait été dénichée par l'émission "A la recherche de la Nouvelle Star" qui avait au moins le mérite d'être claire sur ses intentions mais rendait la tâche ardue aux adeptes du forfait bloqué :
- Tu regardes quoi à la télé ?
- A la recherche de la
- Bip bip bip bip
ou de twitter :
@FannyBerrebi "#alarecherchedelanouvellestar La meuf elle chante comme un"
Evidemment, à l'époque le problème ne se posait pas vu que ni les forfaits bloqués ni twitter n'existaient et que André Manoukian nous fascinait encore.
A contrario, "Incroyable talent" est devenu "La France a un incroyable talent".
Un changement de cap qui ne s'explique que par la volonté des producteurs de préciser où on se trouve, au cas où un internaute mal intentionné voudrait faire croire que Susan Boyle serait originaire du Béarn.
Nous ne voyons pas d'autre explication.
2 : La discipline imposée
Alors que la Nouvelle Star cherche d'une manière ostentatoire l'interprète de chansons le plus inspiré de sa génération, L.F.A.U.I.T (ce qui au passage fait un très mauvais acronyme) ouvre son répertoire à tout talent, quel qu'il soit, ou ne soit pas, comme c'est le cas la plupart du temps.
Ainsi, pouvons nous voir avec grande allégresse un homme qui fait parler une peluche, un qui fait danser sa moto, une femme qui fait danser son chien et une chanteuse qui fait danser sa soeur.
Ils ont été sympas de nous épargner les "oeuvres de groupes" en début d'émission façon Nouvelle Star, sous peine d'assister à un spectacle aussi effrayant qu'improbable.
3 : La complicité du trio
Tandis que sur la fin, les trois chantres de la chance aux chanteurs étaient à deux doigts de se rouler des pelles de sympathie devant les caméras de Baltard, il y a fort à parier qu'une saison de plus entre Smaïn et Gilbert Rozon pourrait finir en déclaration de guerre entre le Québec et la plupart des pays Arabes.
En guise d'illustration, je me contenterai de vous raconter comment Gilbert appelle "Mohamed" tous les participants qui ne sont pas clairement Susan Boyle et "Smaïn bis" tous les Mohamed du programme.
4 : le membre féminin du jury
Si les deux programmes ont en commun d'avoir choisi un seul membre féminin dans son jury, il n'en reste pas moins une différence essentielle :
La Nouvelle Star avait dans un premier temps remplacé Varda kakon : brune, illustre, inconnue, au charisme d'une huitre, par la truculente Marianne James, star incontesté du glamour, du surpoids et du féminisme drôlatique, avant de remplacer cette dernière par Lio, femme de chambre de la chanson française reconvertie en vieille catin cathodique.
Aucun rapport donc.
Alors qu'à Incroyable Talent, ils avaient une blonde aux yeux clairs sans intérêt qu'ils ont remplacé par une blonde aux yeux clairs sans intérêt.
C'est à peu près tout ce qu'il y a à savoir pour devenir Le producteur de télé-crochet à sucer.
Pour finir, j'ajouterai que contre toute attente, j'ai désormais une grande préférence pour La France a un incroyable talent : plus diversifiée, moins lassante, moins affligée de chanteurs insoutenables, malgré la présence envahissante d'une Mireille Mathieu à l'hélium, ce qui en soi est peut-être un incroyable talent.
La France a, semble-t-il, un incroyable besoin de pleurer dans les chaumières.
Heureusement pour nous, ce sont encore les adeptes du forfait bloqué qui votent le plus et qui ont le bon goût de choisir les beaux garçons torse-nu qui se se frottent par terre au lieu de nous affliger d'une sous-Susan-Boyle.
Notez que si vous devenez LE producteur de télé-crochet à sucer, préférez La plaine Saint Denis au Pavillon Baltard, la sonorité et la visibilité y sont meilleures et le personnel de sécurité n'a pas l'air d'avoir été recruté dans les rangs d'une troupe de mercenaires de La Poste de Villeparisis.