Etre ou ne pas Etrusques, telle est la question
Lorsque j'étais petite, j'étais plutôt pas mauvaise en fiche de lecture.
Plus tard, la maturité et la flemme grandissante, je suis devenue une quasi-professionnelle de la fiche de "Que sais-je".
Je dois cependant reconnaître que c'est un exercice auquel je ne me suis pas prêtée depuis fort longtemps, l'école scolaire n'ayant eu qu'un attrait limité sur ma personne.
J'ai eu l'occasion cependant d'impressionner un professeur universitaire de Lettres Modernes, cette fameuse année ou j'ai voulu vérifier si en Lettres Moderne on portait vraiment des écharpes et les cheveux gras. Ainsi repoussai-je d'une année mon accès en Infocom que je rapidement surnommai nympho-conne à cause de toutes ces blondes qui voulaient devenir attachées de presse alors que c'est moi et moi seule qui me tapait le prof de Internet.
Oui c'était une époque où il y avait encore des profs de Internet.
Même que le mien entre deux explications sur la signification du protocole de transfert hypertexte dans le world wide web, il me faisait des trucs NSFW*.
Mais là n'est pas le sujet.
J'ai donc eu l'occasion de me remettre à la fiche de lecture ces derniers jours, en prenant connaissance du roman d'un jeune anonyme qui a eu l'idée brillante de soumettre son manuscrit aux Nouveaux Auteurs : un comité de lecture citoyen.
Kesseussé ?
Les Nouveaux Auteurs, c'est quand ton manuscrit, au lieu d'être vaguement traversé du regard par un loup qui va écrire "ça fera pas 10 balles" avec ses dents sur ta jolie couverture que t'auras fait dessiner par ton petit frère, il va être lu, véritablement lu par une bonne douzaine de personnes motivées et fortement instruites qui jugeront de manière constructive la perennité de ta prose en matière d'Amazon.com. Et même que lorsqu'un auteur recueille une note super balèze genre premier de la classe, il a la chance d'être publié par Les Nouveaux Auteurs, maison d'édition.
Je ne dis pas ça pour défendre le talent de mon frère en art plastique, mais plutôt parce que je sais de quoi je parle.
Après une bonne vingtaine de refus plus ou moins argumentés de la part des maisons d'éditions traditionnelles, j'ai décidé moi aussi de mettre mon manuscrit sur Les Nouveaux auteurs. Lequel remporta un succès mitigé allant du "c'est complètement n'importe quoi, des gens forniquent en tous sens, tandis que l'histoire n'en a aucun" au formidable "AUTEUR A PUBLIER IMMEDIATEMENT" que vous pourrez admirer en 4/3 dans le salon de ma grand mère.
Toute forte que j'étais de cette expérience, je décide moi aussi de tester l'auteur en devenir et choisis "Etrusques" de XXX, auteur anonyme contemporain et voici mon point de vue.
Le pitch (dans ta potche) : Un adolescent est sauvagement assassiné. Comment eut-il put être assassiné gentiment me direz-vous ? Tandis qu'un autre homme termine sa carrière d'être humain dans un fossé après avoir été violemment violenté, le narrateur qui s'avère être son frère, se lance dans l'aventure de découvrir qui, pourquoi, comment et si les enfants surdoués pouvaient finir en Lettres Modernes avec des cheveux gras ou si c'était juste pas possible.
Sa quête va, bien évidemment le mener sur les chemins tortueux des Etrusques et des enfants qui ont des (pampulilu) pouvoirs magiques. Mais ça je suis pas sûre que je devrais le dire. Je vous prie d'excuser ma faible connaissance du pitchage en matière de thriller à suspens.
Mon avis : Après un démarrage en côte un peu difficile, l'auteur a la bonne idée de me faire partir au Lycée Massena ou j'ai moi même passé 2 ans de ma vie, sans même mourir sauvagement assassinée, ce qui est une chance si j'en crois le méchant du livre qui n'est pas qui on croit. Mais pas non plus qui ont croit pas car ce serait trop facile. Réussissant par cette réminiscence non-voulue de l'auteur (ou alors je suis vraiment fameuse) à m'accrocher, il a réussi finalement à m'emmener avec lui dans son histoire, en évoquant les problématiques des enfants surdoués et des capacités inexploitées du cerveau.
Car je ne sais pas si vous l'ignorez mais j'avoue un attrait singulier pour les histoires de capacité inexplorées du cerveau, étant intimement persuadée qu'il en faudrait bien peu pour que je pusse m'auto-faire-maigrir à la manière d'une Bene Gesserit ou envoyer bosser mon corps astral qui finalement est le seul à être utile tandis que le corps physique, lui, n'a pas le moindre intérêt à être réveillé avant 10h, si seulement le monde était prêt à m'écouter.
Préoccupations véritablement importantes, donc.
Autant vous dire que ce petit auteur me tint en haleine suffisamment assez pour me pousser à aller jusqu'au bout de son ouvrage, malgré une légère déception sur la toute fin.
Ma note : 6,5/10
Je ne vous en dis pas plus et vous invite à découvrir XXX... euh non mais qu'est ce que je raconte moi, à vous rendre sur Les Nouveaux Auteurs pour découvrir tout pleins de nouveaux auteurs qui sans vous ne passeront probablement pas la barrière mercantile des maisons d'eperdition.
*No safe for work
** by the way, en Lettres Modernes on porte effectivement les cheveux gras. Concernant l'écharpe, ça dépend des moyens.
PS : Tout cela fut organisé de main de maître par le formidiable Cyril Attias qui dirige d'une manière admireuse l'agence Influence digitale qui t'influence avec les doigts (si je comprends bien) (ce qui n'est pas sûr, finalement).