Ma vie mon oeuvre, épisode où c'est que j'ai inventé le personal branling
* Adolescent : petit monstre fait de pustules, de gradub' et de rage, détestant tout le monde en général et soi même en particulier, entamant des réflexions existentielles totalement bolcheviks telles que "pourquoi je suis là dans ce monde sans aucun sens ni intérêt qui ne va nulle part et ne me mène à rien ?" et "J'aime Roch Voisine tellement fort dans mon coeur que je pourrais mourir de mort violente".
J'en profite pour toucher du doigt la différence constitutive entre le jeune des années 90, naïf et plein d'illusion mais néanmoins farouchement hétéro dans son coeur dans sa tête et celui de la génération Y qui te rétorque sans atermoimement que si Roch Voisine (qu'est pédé par ailleurs lol) te draguait il te dirait probablement "tsé que je trippe sur to tabarnak tzu voudrais pas me frencher un peu ben ?!", et que c'est pas sex, tandis que Justin Bieber, avec sa face de fille et sa voix aigüe, il te cause en américain, il te dis "baybay baybay baybay".
Le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est ado ...
BREF, j'en étais donc là de mon évolution, laissant derrière moi mon amour naissant pour le calembour et la galéjade, le monde était bien trop sérieux et j'avais bien trop envie de mourir.
C'est pourquoi cette année là, je décidai de me distinguer d'une manière nouvelle.
Je pris exemple (après tout j'étais bien une fille) sur TAMER dont les tics de langage, peu nombreux et très facilement reconnaissables se résumaient en :
1 : "Kesssécbordel ?"
et
2 : "j'en ai rien à branler"
C'est pourquoi, un jour où j'étais particulièrement révoltée, partageant quelque vannes avec mes voisins de rang, répondis-je, non, hurlai-je à la face du monde mon insoumission, non sans être complètement hors-sujet : "je me BRANLE okayyyy"
Hilarité générale dans la ribambelle qui attendait monsieur Toizoul, le prof de math le plus malodorant de l'histoire. A moins que ce ne fut la prof d'allemand trop pute que TAMER avait insulté une fois, avant de me promettre à une douloureuse année de quatrième.
Les enfants étant ce qu'ils sont, je m'étais trompée vaguement dans l'énoncé, et eux ne s'étaient pas trompé quant à l'interprétation masturbatoire de mon assertion.
C'est ainsi que débuta une année difficile au cours de laquelle le petit dont je ne me souviens plus le nom, mais je vais rebaptiser "enculé" pour plus de vérité historique chantonna CHAQUE FOIS qu'il me croisait, un joyeux et cadencé : "Branletteuh, branletteuh, branletteuh, branletteuh"...
Ainsi passa mon année de quatrième, entre les brimades de madame VonPuterie et "enculé" chantonnant "Branlette" à chacun de mes passages.
Inutile de préciser que, quand bien même je rasai un mur, mon ventre frôlant celui d'en face on était pas plus avancés quant à la discrétion.
Oh qu'elle fut dure cette année là.
Et lorsqu'approchèrent les beaux jours, indiquant non seulement les fleuraisons mais aussi la fin d'année scolaire, nous eûmes, Clar le Calamar et moi même la grande chance de se voir offrir un Perfecto tout neuf par un Godfather encore un peu riche.
Nous étions allés jusqu'en Italie pour le trouver. Le perfecto parfait. Il avait des petites fermetures éclairs partout, et notamment sur les avant bras.
Autant vous dire que mon retour à l'école après les vacances de Pâques avait un léger avant gout de Fonzie.
Un jour que je montai l'escalier du couloir pour me rendre en salle de classe, vêtue de mon Perfecto parfait, je croisai "Enculé".
Son regard seul fit monter en moi une haine incoercible.
Il ouvrit la bouche tandis que résonnaient déjà dans mes oreilles les premières notes de "Branletteuh, branletteuh"
Et dans un ralenti aussi parfait que mon perfecto, ses lèvres entamant la mesure, mon bras emporta ma main et BAM dans sa petite gueule.
Tandis que j'observai bée et soulagée à la fois la fermeture éclair de MON perfecto qui s'était incrustée sur son visage (regardez la photo maintenant), mon cerveau termina d'analyser une information :
Il était en train de dire "oh il est beau ton ..."
...
Il n'y a pas d'épilogue à cette histoire (sauf pour ceux et celles qui voudraient en tirer des conclusions sur le fait de me chercher des poux et ses conséquences)
Sauf également si "enculé" se reconnait un jour, bien entendu !
Mais parce que la vie est une suite ininterrompue de surprises, dès demain* nous resterons dans la thématique et développerons l'antithèse en vous expliquant les vertus du j'en ai rien à branler.
*notion rhétorique signifiant : à partir de demain...