Zita dans la peau : la (Jason) Burne du journalisme
Il y a des choses qui me font sortir les dents de la tête. Outre mon étudiante dentiste super sympa, je veux dire, ce sont les gens qui font passer du remuage de merde cathodique pour du journalisme d'investigation. Et je ne parle pas de Bernard et ses bas fonds de la prostitution philipine, ça j'adore. Je parle de pire, bien pire.
Zita, la journaliste de l'extrême pour M6 qui a décidé que pour mieux comprendre les gens, il fallait faire exactement comme eux et que le contexte, les circonstances, les nuances c'était pour les gros abrutis bouffeurs de Secret Story.
Elle commence donc sa longue série de conneries insensées par une femme obèse. Oui en effet, pourquoi chercher à comprendre un membre du FN ou un violeur d'enfants quand on peut stigmatiser une femme qui a du poids sur elle. Notez, je dis sur elle, pas "en trop".
Zita prend un air effarouché "je vais manger une baguette tous les matins ?" et la femme obèse obligée d'assumer "ben oui pourquoi ?" Après tout, elle mange une baguette tous les matins. Elle peut bien le dire devant toute la télé.
Chers lecteurs j'entends déjà l'effroi qui sourd au tréfonds : NON ! dis-je sur l'air d'une bande annonce de Top Chef : Cela n'a pas le moindre sens.
Cela n'a soit dit en passant pas plus de sens que d'imposer à son corps un régime stricte et éprouvant pour perdre du poids avant un mariage.
Et la dame obèse d'en remettre une couche "Je préfère vivre moins logtemps mais bien" ce que madame ignore c'est qu'elle ne vivra plus longtemps bien.
Et voila donc Zita : spectacle navrant d'une torture qu'elle s'impose "oh mon Dieu il faut encore manger ..." et n'hésite pas à nous affliger du champs lexical de l'héroïsme : allez courage, respire ...
Enfin, le mot est lâché.
L'expérience !
C'est une expérience, mais de quoi ?
Soyons honnête, si on m'imposait la vie d'un sportif de haut niveau pendant ne serait-ce que quelques minutes, la seule personne que je comprendrai mieux c'est Hannibal Lecter.
Enfin Zita aborde de manière super fine quelques lambeaux de vrais sujets : Détresse psychologique "manger est un mécanisme de survie pour apaiser une souffrance. En fait c'est un appel à l'aide" oh Zita ! Tu m'émeuts. Alors qu'est ce qu'on va faire pour aider madame ?
Bah on va tâcher de la convaincre de manger moins.
Tout à fait et d'ailleurs la dernière fois que j'ai essayé de sauver un suicidaire j'ai tâché de le convaincre de ne pas avaler une boite entière de médicaments et de poser ce pistolet. C'est totalement une bonne idée. Dommage que ça ne serve à rien. Car en effet c'est la pulsion qui est jeu ma chère Zita, pas l'acte.
Mais elle ne m'écoute pas, elle est occupée à chercher à savoir si une personne de poids moyen peut et pendant combien de temps, manger 5800 calories par jour : Mais POURQUOI FAIRE ?
Quelques jours plus tard, la voici qui débite sans l'ombre d'une réflexion le vocabulaire culpabilisant bien connu des restrictés cognitifs : j'ai "bouffé", je me sens "lourde", le fameux "je n'ai aucune volonté" a encore de beaux jours devant lui.
Alors bon me voila obligée d'aborder le vrai problème : La vraie question c'est pas "pourquoi on devient obèse" bien sur au premier degré c'est parcequ'on mange trop. La vraie question c'est "pourquoi on mange trop?" et tout ce qui va avec le fait de prendre de l'espace, de plier sous le poids d'une culpabilité toujours plus présente et indispensable.
Et pourquoi on se protège dans des kilos. Cette pauvre connaisse de journaliste va de son côté bien insister sur le mal être que grossir et trop manger va lui procurer : mal au ventre, lourdeur, le poids est un "boulet" et personne ne va plus s'intéresser à celui qui est la avant les kilos.
Je ne saurai que conseiller à Zita de tenter imédiatement dans la peau d'une anorexique et d'une boulimique, elle comprendrait sans doute mieux la problématique du contrôle, le plaisir d'avoir faim et de perdre du poids, la perte de contrôle et alors peut être touchera-t-elle du doigt le déséquilibre alimentaire. Si elle n'y reste pas ...
Belle toute (me)nue, malgré tout
Enfin pour changer de rythme arrive la remueuse de sentiments qui a perdu du poids miraculeusement en ayant des bébés et tout le monde de s'extasier comment ses pulls étaient grands avant et comment ils sont petits, maintenant. Mais maintenant c'est moins grave elle peut utiliser son ventre en écharpe.
La voici qui nous raconte très rapidement que malgré toute sa souffrance, elle est contente d'avoir gardé "une mentalité de grosse"
Laquelle mentalité consiste en quoi ? Je vous le donne en mille ! Bon certes miss balai 2012 n'a pas inventé la poudre à canon, mais tout de même : sa vision de la mentalité de grosse "je ne me mets pas en avant"
J'en tombe des (belles toutes) nues
Tandis que pour beaucoup toute la problématique de la grosseur est liée à l'espace, au fait de prendre de la place, de s'ancrer au sol, pour être plus présent. Voila qu'on nous sort qu'un gros ne se met pas avant. Je dirai, pour ma part, qu'il ne fait que ça, qu'il le veuille ou non.
J'en prends pour exemple des personnes que j'admire, quelles que soient leurs raison, quelles que soient leur névrose, elles cultivent la beauté de la femme grosse et quitte à remuer les clichés avec son popotin, autant faire croire qu'on est naturellement plus drôles et de meilleure humeur !
Evidemment, je ne souhaite pas généraliser, donc peut-être après tout Miss balai a raison, je ne me permets pas de juger.
Tandis que Zita ,elle, rien ne l'arrête !
Après avoir dit que miss balai avait perdu en étant enceinte, Zita la conne trouve le moyen de nous faire une sortie grandiloquente à base de "c'est quelqu'un de courageuse qui a perdu plus de 60 kilos toute seule sans aide médicale"
En effet Zita, comme elle l'a dit, y sont partis tous seuls ses kilos mais c'est pas grave hein, qu'elle ait pas souffert ! Non Zita, souffrir n'est pas la condition sine qua non du droit au bonheur, tu peux aller ranger ton chapelet et réciter tes Ave Maria.
Mais Zita ne s'arrête pas là, non car vous l'ignorez mais elle s'est également glissée dans la peau d'une conceptrice rédactrice diminuée mentalement :
"Cécile est la preuve vivante que pour vaincre l'obséite le chemin est long et difficile"
Ainsi que dans celle d'une réaliastrice de l'extrême : vas y les gros plans sur sa bouche en train de manger, avec mise en scène de l'hyper consommation en mode "super size me"cheap, le montage au couteau (comme les frites oui) pour donner un effet surdimmensionné ...
Enfin bref, pour finir on apprendre "qu'il faut traiter avant 17 ans car après on a TRES PEU de chances de s'en sortir"
J'étais à deux doigts de me suicider par overdose de Nutella Frelatté lorsque je vois des adolescentes attrendre sagement l'heure de la "pesée".
Aaah la pesée, ce moment terrible ou tout le jugement dernier s'abat sans pitié sur la sombre merde qui n'a pas résisté à un chausson aux pommes après seulement 2 ans de régime !
Monte sur la balance que je t'humilie.
Et tandis que je me remémore avec effroi la marche effrennée que j'effectuai presque en courant entre la maison et le cabinet de la nutritionniste pour perdre ce foutu kilo dont je devais me délester chaque mois, je me demande s'il en aurait été autrement si alors, quelqu'un m'avait dit que je n'avais plus besoin de le perdre ce kilo que je n'ai jamais perdu. Si on m'avait alors fait prendre conscience des limites (physiques et mentales) de mon corps, si on avait regardé un peu dans ma tête...
Je m'en retourne à mes réflexions mastiquatoires tandis que Zita, toujours en quête d'une connerie à faire va nous prouver que femme de ménage est un travail en dessous duquel il y a la mendicité...